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Les Cathédrales de la terre


"Je n'ai pas parlé de la majesté des montagnes, ni de leur expression ; je n'envisage pas pour le moment combien elles sont fortes, terribles, parce que la grande taille, la force et la terreur ne sont pas des sujets de contemplations agréables à tous les esprits. Mais le charme de la couleur, la perfection de la forme, la variété infinie des aspects, la splendeur de la structure, ce sont là des éléments précieux pour tout esprit humain non corrompu... Et, pour toutes ces raisons, la supériorité des montagnes sur les plaines... est aussi facile à mesurer que la richesse d'un vitrail comparé à une vitre, ou celle d'un musée à une petite chambre meublée. Elles semblent avoir été bâties pour la race humaine ;  elles sont ses temples et ses écoles, pleines des trésors des manuscrits enluminés pour le clerc ; fécondes en simples leçons pour l'artisan, silencieuses dans leurs pâles cloîtres pour le penseur, grandiose de foi pour le croyant. Et dans ces grandes cathédrales de la terre, avec leurs portails de rocs, leurs dalles de nuages, leurs choeurs de torrents et de pierres, leurs autels de neige, leurs voûtes de pourpre traversées par les étoiles perpétuelles, il a été dit, il n'y a pas longtemps, par l'un des malheureux représentants de la race humaine pour laquelle elles ont été bâties, qui se demandait pour qui le Créateur avait bien pu les faires, et qui pensait discerné l'intention divine : 'Elles sont habitées par les bêtes'."


John Ruskin, Modern Painters, tome IV. chapitre XX

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