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Arrivée au Col de Balme

 
"Le Mont Blanc, la vallée de Chamonix, la Mer de Glace et toutes les merveilles de ce merveilleux endroit sont au-dessus et au-delà des espoirs les plus insensés. Je ne puis rien imaginer dans la nature de plus stupéfiant et de plus sublime. Si je devais écrire quelque chose là-dessus maintenant, je divaguerais complètement tant sont prodigieuses les impressions qui bouillonnent en moi... [...] En passant par le Col de Balme vous grimpez de plus en plus haut pendant cinq heures et plus, et, d'un espèce de rebord de sentier, sans garde-fou, vous plongez dans des vallées si terribles que vous finissez par être persuadé que vous êtes arrivé plus haut que n'importe quoi au monde, et qu'il n'y a rien de terrestre au-dessus de vous. Juste au moment où vous arrivez à cette conclusion, un air différent - et Dieu sait combien il est libre et délicieux ! - vous souffle au visage, vous traversez une arrête de neige et, étendue devant vous et totalement invisible jusqu'à cet instant, se dressant sur le fond du ciel, se révèle la vaste chaîne du Mont Blanc, avec ses montagnes secondaires qui paraissent toutes petites sur ses flancs majestueux, mais qui s'élève en innombrables ébauches de clochetons gothiques ; des déserts de neige et de glace, des forêts de sapins sur les pentes des montagnes, qui perdent toute importance dans ce paysage gigantesque ; dans les creux, des villages que vous pouvez dissimuler avec un seul doigt, des cascades, des avalanches, des pyramides et des tours de glace, des torrents, des ponts, des montagnes entassées les unes sur les autres, au point de masquer le ciel et de vous forcer à lever la tête pour le voir. Bon Dieu, quel pays que la Suisse ! et quel résumé on en peut contempler, de ce seul point !"

Charles Dickens, Lettre à Forster, 2 août 1846

in John Forster, Life of Charles Dickens (1872)

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